» Je n’ai pas connu mon pays. J’avais quatorze ans à peine lorsque je le quittai. En France, mes livres n’avaient plus guère de succès. Même les Français avaient compris que pour colorer leur style, leurs romans devaient se nourrir de négritude : Erik Orsenna, Philippe Duval, Patrick Grainville… M’avait-il donc fallu vingt ans pour retrouver tout cela, qui ne m’avait jamais quitté ? Ou en avais-je voulu si fort à ce continent, à cet enfant noir que j’avais été, avais-je tant aspiré à me délivrer de lui, que je l’avais étouffé et empêché de renaître ainsi pendant vingt ans ? Oui, c’était décidé. J’allais retourner dans mon pays, à Bakassi… S’il est vrai que je suis devenu comme une noix de coco, noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur, et que j’ai poussé comme un cocotier en oubliant mes racines, il faut que j’apprenne à renoncer à cette honte naturelle. J’ai été accueilli en France comme un étranger ; à présent c’est en étranger que je retourne chez moi.
Voici le dernier jour du monde
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» Je n’ai pas connu mon pays. J’avais quatorze ans à peine lorsque je le quittai. En France, mes livres n’avaient plus guère de succès. Même les Français avaient compris que pour colorer leur style, leurs romans devaient se nourrir de négritude : Erik Orsenna, Philippe Duval, Patrick Grainville… M’avait-il donc fallu vingt ans pour retrouver tout cela, qui ne m’avait jamais quitté ? Ou en avais-je voulu si fort à ce continent, à cet enfant noir que j’avais été, avais-je tant aspiré à me délivrer de lui, que je l’avais étouffé et empêché de renaître ainsi pendant vingt ans ? Oui, c’était décidé. J’allais retourner dans mon pays, à Bakassi… S’il est vrai que je suis devenu comme une noix de coco, noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur, et que j’ai poussé comme un cocotier en oubliant mes racines, il faut que j’apprenne à renoncer à cette honte naturelle. J’ai été accueilli en France comme un étranger ; à présent c’est en étranger que je retourne chez moi.
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