Les Histoires de chez nous

 » L’homme de loi était jeune, tout juste la trentaine, belle allure, quoique le ventre un peu bedonnant visible à l’oeil nu. Cet aspect lui donnait un air de bourgeois rentier. À la façon dont se déroulait la conversation, il avait du mal à s’entendre avec la personne, à l’autre bout du fil. Il parlait sûrement d’un rendez-vous manqué. Il montrait des signes de nervosité en tapant sur la table ou en griffonnant sur un bout de papier des figures qui n’avaient aucun sens. De temps à autre, il lançait à l’infortuné Hakim un regard furtif. Bien installé, il martelait ses paroles, puis fixait de nouveau le prévenu qui le regardait faire. Il était encore sous le choc et se demandait ce qu’il faisait assis là, en face de cet officier désobligeant qui étalait à l’envi ses sentiments débonnaires. Du n’importe quoi. Il était figé devant lui, depuis un bon quart d’heure. Tel qu’il le voyait faire, il savait à l’avance que la journée était mal engagée. «