Derrière les arbres est une histoire du quotidien, nouée dans un petit village du Delta, autour d’une femme infidèle.
La parution récente aux éditions Actes Sud d’un nouveau roman de Mohammed El-Bisatie, traduit de l’arabe, offre au public francophone une nouvelle entrée dans une uvre qui figure au premier rang des écrivains arabes contemporains.
La trame est simple : l’homme trompé veut se venger du jeune amant qu’il avait accueilli et reçu à sa table, comme un fils. Le village tout entier, autour de l’affrontement, retient son souffle et observe, laissant filtrer les informations en direction de chaque camp. Au cours des quelques jours qui passent, pendant lesquels Moussad va tenter de retrouver et de tuer Amir, le fils du boucher, c’est toute la société des campagnes égyptiennes qui apparaît en arrière-plan, avec sa dureté, ses frustrations, ses règles
Un jeu social et humain qu’a contribué à compliquer l’exode des riverains du Canal de Suez, chassés par la guerre d’usure qui s’y livre Société en crise, donc, où les jalousies s’exacerbent, où les hommes s’épient, où les femmes s’envient le peu de luxe qu’elles parviennent à s’approprier. Le style de Mohammed El-Bisatie ne se force jamais : il est juste, élégant, précis. La brutalité des relations humaines, les coups échangés, les insultes, la peinture de la pauvreté, tout est dit en peu de mots, sans emphase.
Cela donne à ce joli roman la rapidité et la vitalité d’un film d’action, coupé de flashs back intelligents, qui loin d’en ralentir le rythme renforcent l’enjeu des faits relatés et ajoutent au suspens Intelligent, sensible, réaliste et élégant à la fois, le roman de Mohammed El-Bisatie ouvre, loin de tous les clichés, sur l’Egypte réelle d’aujourd’hui : cette porte mérite d’être poussée. — Khaled Elraz — — Afrik.com
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