Comme on tire sur l’oiseau qui chante

Jeune femme étincelante et talentueuse, issue dune famille nantie qui la chérit, Nyami contredit pourtant sa classe en fréquentant Louis, étudiant désargenté et critiqué, ce qui fait jaser les siens. Peu importe pour Nyami : elle est amoureuse. Sa rencontre avec Roy Garcia, la volonté de celui-ci de lépouser, linsistance de ses parents à la voir accepter une union plus convenable à son rang la conduiront à presser Louis de la demander en mariage. Impossible selon lui, tant que sa situation demeure précaire. Déjà déboussolée, Nyami sombre alors dans linquiétude quand son père est victime dun accident cardiovasculaire, la forçant à le suivre à Paris où il doit être soigné Cest là, sur les berges de la Seine, quelle est rejointe par Roy, quelle reçoit son réconfort, quelle se fait plus sensible à sa sollicitude Déconstruisant le conte de fées sur lequel repose la vie de son héroïne, Assamala Amoi développe, au fil de son récit, un réalisme de plus en plus asphyxiant. Faux espoirs, mariage-prison, soumissions aux conventions édictées par lhomme, renonciation à soi-même rythment, jusquà létourdissement de Nyami, une uvre qui se soustrait en outre au mythe de la Princesse délivrée par son chevalier servant. À lopposé de ce modèle, Nyami incarne ainsi une femme qui saura inverser elle-même les courants délétères et partira à la conquête de son autonomie. Un récit qui résonne comme un encouragement adressé aux femmes, afin quelles osent devenir les actrices de leur propre vie.