Bamako climax

Légendes urbaines africaines

La Belle au bois dormant fait semblant de dormir. Cent ans déjà que dure ce manège : elle préfère ruser avec Morphée plutôt que de subir son prince atrabilaire. Qu’est-ce qu’elle se fait chier avec ce Guntherlück de Lichtenburg ! A moitié impuissant, et dur de la feuille : lorsqu’elle va épousé, et qu’elle lui a demandé de trouver le point G, le mystérieux bouton du plaisir, il l’a emmenée chez Point P acheter des parpaings : quoi, mon amour, ça ne te ferait pas plaisir, un beau château ?
Elle s’ennuie à mourir, mais il fait trop chaud pour se rebiffer. Car le Prince charmant s’est exilé à Bamako, 47 °C à l’ombre. Quand l’enfer est saturé, c’est sans doute là qu’on envoie rôtir les pécheurs. Guntherlück a échoué dans ce trou à rats pour échapper à son géniteur, le roi Metterdebitte Touze – pardon Douze – père pédophile et incestueux. Bamako, 47 °C à l’ombre (après l’oasis de Tamenghest, vous tournez à droite et roulez tout droit pendant 3 000 kilomètres), Bamako, donc, est suffisamment éloignée du Lichtenburg pour que le roi Metterdebitte XII ne dépêche pas ses gardes grecs avec mission de ramener l’ingrat fiston par la peau du cul. En outre, Guntherlük, puîné de la famille, n’est pas appelé à régner, sauf si le prince héritier Godemichel est poussé au suicide, brisé par le comportement licencieux de son père. Bref, au Lichtenburg, la désertion de Guntherlück n’a pas ému bien longtemps. Qu’il aille se faire foutre, comme d’habitude.