Hiver des Migrants

« En faisant le premier pas hors de l’appareil, tout son corps tremble sous l’effet d’une terrible injustice. Une image l’envahit au moment où il fait ses premiers pas dans le couloir, il se voit au milieu d’un fleuve immense. Les courants l’emportent à travers des tourbillons. Au loin, il entend le bruit des puissantes chutes d’eau… Pris d’une panique incontrôlable, il ralentit le pas. Envahi par un soudain relâchement des muscles, il manque presque de perdre l’équilibre. » Tout commence par un défaut d’accentuation sur un passeport… Bien peu de chose, mais un rien qui va entraîner le héros du roman d’Alioum Fantouré dans une spirale kafkaïenne vertigineuse, dans un engrenage administratif destructeur, dans une chute irrémédiable, à la rencontre des visages éreintés, désillusionnés, misérables de migrants traités comme quantité négligeable et déshumanisés. Roman à l’ambiance glaciale, où les règles sont aussi aberrantes qu’implacables, « Hiver des Migrants » nous transporte dans un monde définitivement fracturé, où les frontières deviennent des barrières barbelées, et est parcouru de notes oniriques et allégoriques troublantes.