Hayba est algérienne. Elle traîne son ventre rond dans les rues de Paris, hantée par la mort de son mari et de sa petite fille, assassinée sous ses yeux par des intégristes algériens : ” Je suis devenue une gisante. Ma vie s’est arrêtée à trente-trois ans, comme celle du Christ “. Réfugiée en France, chaque jour qui passe lui rappelle l’horreur : la radio qui annonce de nouveaux massacres, la pitié qu’elle inspire à ses amis.Morte-vivante, elle attend une naissance belle et terrible à la fois, conséquence de son viol par ces mêmes intégristes sauvages. Hayba vivote, semi-consciente, à la frontière entre le passé et le présent, entre sa réalité et ses rêves.A l’été 1999 en France, l’éclipse solaire est au centre de toutes les conversations. Eclipsée par le drame affreux qu’elle a vécu, Hayba va renaître sous la plume aisée de Latifa Ben Mansour. La romancière s’applique à panser les plaies et à mener son héroïne sur les voies d’un amour réparateur. Le début du livre, cauchemardesque, laisse la place à un bonheur durement gagné.
La construction du livre fait penser à un film : les flash-back y sont nombreux. Dans son état comateux, ” Hayba la pure ” se souvient. Mémoire douloureuse d’une Algérie et d’une vie plus heureuses et plus insouciantes, mais aussi analyse de la la montée de la terreur : ” ce sentiment de haine qui montait dans le pays et le laxisme des autorités qui se voilaient la face “.
Car ce destin de femme est prétexte pour dénoncer la situation algérienne. L’auteur égratigne ceux qu’elle appelle ” les fanatiques ” : ” La plupart manient la rhétorique ou manipulent les ordinateurs aussi bien que le couteau. Occuper des postes stratégiques au sein de l’Etat ou des instances internationales ne les empêche pas d’avancer comme la mort, masqués et figés. ”
” L’année de l’éclipse ” est le portrait en pleine lumière d’une battante et celui, bien plus sombre, d’un pays à la dérive. — Olivia Marsaud — — Afrik.com
Présentation de l’éditeur
Hayba : une jeune Algérienne, à la dérive dans Paris. Elle titube de fatigue et de désespoir, met en gage ses derniers bijoux pour survivre, lutte pour ne pas sombrer. Et surtout, elle se souvient… De son pays radieux, en proie aux démons de la corruption et à la folie des intégristes ; du compagnon avec lequel elle rêvait de reconstruire un monde fraternel ; de sa fille, nimbée de douceur et de tendresse… Sa mémoire en lambeaux lui fait aussi revivre la haine qui s’est abattue sur eux, sur leurs espoirs et leur générosité, et le châtiment atroce qu’on leur a fait subir, au bout d’un long tunnel d’angoisse, quand ils ont refusé de jouer le jeu des infâmes. Brisée, glacée par l’exil, elle retrouvera, par la grâce d’un homme qui lui tend la main, le peu de foi qui lui permettra de tenir, et de donner la vie à nouveau… Sur la toile de fond d’une Algérie livrée aux barbares, avec ses notables cyniques, ses jeunes générations broyées, l’accablement qui guette et la peur en permanence, le destin d’une femme extraordinaire, raconté dans une langue qui en restitue avec saveur toutes les émotions.
Latifa Ben Mansour est algérienne ; elle a dû fuir son pays quand la violence intégriste l’a mis à feu et à sang. Elle a déjà publié Le chant du lys et du basilic (Lattès, 1990) et La Prière de la peur (La différence, 1997), salué par une presse particulièrement élogieuse.
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