Il aimait l’anisette, l’argent, la renommée, peut-être Dieu et, hélas pour lui, un peu trop les femmes, ce qui lui vaudra les foudres de l’Eglise. Défroqué mais vêtu de son éternelle soutane noire, sourcier réputé, raciste et antisémite à l’occasion, l’abbé Gabriel Iréné Séraphin Lambert était un personnage pour le moins sulfureux. Sollicité dans les années 1930 pour prospecter de l’eau en Algérie, il a eu le temps d’enlever la femme de l’instituteur du village où était né Saint-Augustin, avant de poser ses valises et celles de sa maîtresse à Oran pour trouver de l’eau douce. Défrayant par son comportement exubérant la chronique locale, il devient maire de la ville entre 1934 et 1941, année où il est démis de ses fonctions par le maréchal Pétain qu’il admirait pourtant, au même titre que Franco et Hitler auxquels il consacra des ouvrages. L’abbé Lambert, l’homme à la robe noire, est mort religieusement dans son lit, à soixante-dix neuf ans, à Antibes.
Il avait tout pour devenir un personnage de roman, presque vrai.
Abdelkader Djemaï est né à Oran. Il est l’auteur notamment de Camping, Gare du Nord, Le nez sur lavitre, Un moment d’oubli, Zohra sur la terrasse, Une ville en temps deguerre, La dernière nuit de l’Emir, parus au Seuil.
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