Avec » Les taches d’encre » la jeune écrivaine suisso-gabonaise, Bessora, nous offre un regard aiguisé sur notre société. Avec humour et virtuosité, elle brosse des personnages hauts en couleur à découvrir d’urgence aux Editions du Serpent à Plume.
Son prénom, Bessora, sa carte de visite littéraire, signifie » celle qui partage « . Un prénom prédestiné donc pour cette jeune femme pleine de charme qui partage avec ses lecteurs son deuxième roman, » Les Taches d’encre « . Après le succès de » 53 cm « , sorti en septembre 1999, et qui nous contait les tribulations d’une apprentie » gaulologue » (qui étudie les Gaulois) cherchant à obtenir sa sacro-sainte carte de séjour dans la jungle parisienne, Bessora revient en force.
Elle nous peint les destins croisés de ses personnages, entrecoupés de différents jingles pub caustiques. Au détour de la page nous croisons donc Bernard, assureur dont la devise serait selon l’auteur » Zéro risque, zéro surprise « , qui s’ennuie ferme auprès de sa femme Bianca, pleine de tics et de tocs ; son jeune frère, Azraël, à la fois fleuriste et croque-mort, qui tombera sous le charme de Muriel, voyante itinérante.
Cette dernière » a une histoire un peu douloureuse » explique l’auteur. » Elle a perdu un mari et un fils au Rwanda. Elle se reconstruit à Paris et elle a la chance d’avoir obtenu de la préfecture un permis de ‘voir’ ou elle veut : dans les bistrots, sur les trottoirs, dans les jardins publics. Elle se fait payer par carte bleue, avec une nette préférence pour la Mastercard platine « . Son meilleur ami, Aimé, lorsqu’il n’oublie pas de nourrir ses deux poissons, Fanon et Hegel, cherche chez ses conquètes féminines le » réflexe de lordose » – » conséquence de la levrette, accentuation de la courbe lombaire chez une femelle soumise à la monte d’un mâle. »
Oscillant entre humour caustique et sens du tragique, Bessora traque, dénonce, démythifie, fustige. Un vrai régal. Et comme la belle repart vers sa thèse d’anthropologie, nous n’avons plus qu’à attendre le prochain livre. Dans un an peut-être ? — Olivia Marsaud — — Afrik.com
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